Le stress cause des dommages, aussi au travail ! Si des directives ne sont pas respectées pour des questions de temps, un accident peut vite arriver.

La vitesse, c’est toujours bien?

Notre quotidien est marqué par l’agitation et l’urgence. Ceux qui peuvent organiser leurs travaux librement ou peuvent parfois repousser certaines choses au lendemain sont bien lotis.

La plupart des employés ne bénéficient cependant pas de cette flexibilité et doivent fournir toujours plus de prestations dans le même temps imparti. La question se pose donc de savoir si faire les choses rapidement est toujours la meilleure solution et si parfois il ne serait pas mieux de dire non. Voici une situation vécue: une locomotive est défectueuse et doit être ramenée au dépôt. Le chef de manoeuvre vient à peine de commencer son tour de service et se rend déjà compte qu’il n’arrivera pas à tout faire. Il décide alors, comme cela s’est déjà souvent fait, de pousser trois wagons d’un coup au lieu des deux autorisés. Il veut aussi activer le frein à main afin que les wagons aillent un peu plus lentement. Mais, oh malheur, ils sont eux aussi défectueux. Après avoir informé par radio tous les collaborateurs concernés, il laisse les wagons rouler. Arrivés en bas, ils touchent un wagon immobile: un collaborateur tombe et se blesse lourdement. Le chef de manoeuvre est alors jugé pour blessures corporelles graves par négligence.

Une infraction aux directives se justifie-t-elle?

Les directives doivent être respectées. Une infraction n’est pas justifiable. On ne devrait jamais aller aussi loin. La pression du temps, des installations obsolètes et du matériel défectueux ne permettant pas de fournir la prestation demandée tout en respectant les directives, le chef de manoeuvre aurait dû en parler avec le supérieur. Souvent on renonce à la discussion, car on pense déjà connaître la réponse. Les supérieurs sont de plus eux aussi sous pression. Une question ne coûte pourtant rien. Et si les questions et les réponses sont en plus documentées (mails ou preuves), les personnes concernées sont mieux protégées en cas d’accident.

Est-il mieux de refuser?

Les collaborateurs ont l’obligation dans leur contrat de suivre les ordres de leur employeur. Un refus de faire le travail demandé n’est possible que dans un cadre très limité. C’est possible lorsque cela comporte un danger de mort ou si c’est illégal. D’un autre côté, on ne peut pas tolérer que le volume de travail soit si important qu’il faille « bricoler » avec les directives. Il est important dans ce cas d’avoir un entretien et de fournir les documents qui prouvent le problème.

Les supérieurs demanderont bien sûr toujours que l’individu assume sa propre responsabilité. Mais il ne s’agit pas de petites choses, il en va de la sauvegarde des droits et finalement de la sécurité au travail et de la qualité du travail.

Qui est coupable?

Lors de la procédure pénale, le chef de manoeuvre a été déchargé de toute culpabilité quant aux blessures corporelles. L’état des installations et du matériel était connu de la direction et celle-ci n’a rien entrepris. De plus, la direction a fermé les yeux sur ces non-respects des directives. Cela a fortement diminué la culpabilité du chef de manoeuvre et l’avocat du SEV a alors pu faire cesser la procédure.

Que pouvons-nous changer?

De telles situations se retrouvent tous les jours et aussi longtemps que rien ne se passe, on ne voit pas la nécessité de changer les choses. Ce qui est important, c’est de respecter les directives assurant la sécurité. Tout le reste doit être discuté au cours d’un entretien spécifique. Le SEV peut vous soutenir à ce propos.

L’équipe de protection juridique SEV