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Le facilitateur: Stéphane Montangero, représentant du personnel au CA de la CGN

Il y aura dix ans en septembre commençait l’épisode du «grounding» de la CGN, la compagnie de navigation sur le Lac Léman. Suite à une bataille homérique du personnel et le soutien populaire, une des victoires, outre le maintien de l’entreprise sous un seul toit et le sauvetage de la flotte Belle Epoque, a été l’obtention d’un représentant du personnel au Conseil d’administration. Depuis 2013, c’est Stéphane Montangero qui y siège. Petit bilan.

Depuis six ans, Stéphane Montangero représente les travailleurs au conseil d’administration de la CGN. Un mandat prolongé à sa grande fierté.

Après une longue bataille de quatre ans, les marins et le SEV obtenaient un représentant au conseil d’administration dans la nouvelle holding lors d’une assemblée générale de la CGN mémorable le 16 mai 2012. Stéphane Montangero qui avait assuré le suivi politique du dossier a été alors désigné par les travailleurs pour les représenter au sein du conseil d’administration de la compagnie depuis mars 2013. Une avancée syndicale qui fait encore figure d’exception.

Quels ont été tes premiers contacts avec le SEV ?

Stéphane Montangero: Ils datent de l’époque entre 2004 et 2006 où j’étais attaché parlementaire des socialistes Marlyse Dormond et Michel Béguelin (ancien vice-président du SEV). Ensuite, j’ai eu des contacts avec Olivier Barraud qui était le secrétaire SEV de la section. Nous avons fait tout le travail de 2009 à 2012 au moment de la restructuration.

Comment t’es-tu retrouvé à cette fonction ?

Au moment où nous avons gagné la représentation des travailleurs au conseil d’administration, je pensais avoir fini mon job! Puis on m’a téléphoné pour me dire : «c’est toi que les gars veulent». Et c’est avec bonheur que j’ai accepté.

Comment vois-tu ton travail ?

Je fais un travail passionnant de courroie de transmission, de lobbying et de persuasion. Ce poste comporte un certain nombre d’obligations comme le secret de fonction qui font que l’on ne peut pas tout dire. Par contre, j’ai demandé de pouvoir siéger au comité de la section comme membre invité permanent, pour garder ce lien et ce contact avec la réalité des travailleurs et pouvoir entendre. Mais je ne participe pas aux séances sur la CCT.

Ta présence au conseil d’administration est donc utile ?

Bien sûr, j’en suis convaincu. Parfois le simple fait d’être dans la même pièce permet de faire avancer les choses, sans forcément prononcer de grands discours. Principalement je suis un facilitateur. Mon rôle est aussi d’expliquer. Le simple fait d’être membre du conseil d’administration fait que les membres de la direction ne peuvent pas dire n’importe quoi. Ils savent que je sais et que je ne laisserai pas passer des énormités.

Cela demande un grand travail de lien avec la base…

A toutes les assemblées du SEV je dis qu’il faut me faire remonter les choses. Et cela fonctionne très bien. Les problèmes plus systémiques apparaissent aussi et cela me permet de formuler au mieux mes interventions. Bien sûr, au conseil d’administration, on est dans le stratégique. Mais il y a parfois quand même des interactions quand l’opérationnel dysfonctionne. Le fait de savoir, de pouvoir poser la «question qui tue», parce que j’ai été à l’assemblée de section et aux séances de comité, c’est très utile.

Aurais-tu un exemple d’info que tu as fait remonter?

La question de la sous-dotation en personnel. Si l’on regarde l’augmentation du nombre d’employés, il faut à chaque fois anticiper, comme quand la CGN prévoit d’étoffer son offre avec l’acquisition d’un bateau moyen accéléré (BMA). C’est à force de taper sur le clou que nous avons réussi à obtenir que les besoins du personnel soient mieux anticipés. On ne peut pas avoir d’un coup des hommes d’équipage. La principale richesse de la compagnie, à part bien sûr sa flotte Belle Epoque, c’est le personnel! Cette idée-là, nous avons aussi réussi à la faire passer. Sans doute aussi parce qu’il y a un représentant du personnel autour de la table et qu’on ne peut pas l’ignorer. La parole des travailleurs, syndiqués à plus de 95%, est entendue, respectée et elle a un poids certain autour de la table.

Pourquoi ce respect ?

Cela tient surtout à la force du syndicat dans la compagnie. Le syndicat est fort, organisé, dynamique, il bosse et la qualité du travail est reconnue, à commencer par la direction. C’est le premier atout. En plus, ils ont un porte-parole qui assiste à leur séance de comité et qui peut faire le relais quand c’est nécessaire. L’importance d’avoir un représentant du personnel est reconnue aussi par le fait que je siège dans quatre commissions dont celle des finances.

As-tu été bien accepté au conseil ?

Au début, il y avait de la méfiance. Puis, avec le projet CGN+ concernant la culture d’entreprise, dans lequel j’étais partie prenante, tout le monde a pu voir que nous jouions le jeu. Les regards ont alors changé. Petit à petit, j’ai pris ma place et compris où sont les marges de manœuvre. Il faut bosser pour montrer sa légitimité. J’ai senti aussi que petit à petit je devenais une force de propositions.

En six ans, y a-t-il eu des batailles perdues ?

Pour ce qui concerne les intérêts du personnel, je n’ai pas l’impression d’avoir laissé passer grand-chose (rires). Ou alors j’y suis revenu à la séance d’après d’une autre manière.

Tes plus grandes sources de fierté ?

Ce dont je suis le plus fier c’est que les gars m’aient de nouveau octroyé leur confiance il y a quelques semaines. Six ans après la désignation, être reconduit dans ses fonctions, à l’unanimité qui plus est, et d’avoir leur soutien, c’est fondamental pour moi, en particulier pour ce type de job. On doit se sentir porté. Et je l’ai senti. L’évolution des effectifs est aussi une source de fierté, ainsi que l’évolution de la caisse de pension et le travail sur la culture d’entreprise.

Yves Sancey

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Bio

Militant et bon vivant, le parcours du socialiste lausannois Stéphane Montangero, né en 1971, est avant tout associatif. La liste des organisations dans lesquelles il siège ou a siégé est impressionnante (Croix-Rouge vaudoise, WWF, OSEO-VD, CSAJ, Fondation Mère Sofia, BD-Fil, ...). Au niveau professionnel, ce diplômé en administration publique est secrétaire général de la Fédération Fourchette verte Suisse (depuis 2009) et membre du Conseil d’administration de CGN SA depuis février 2013 où il siège une fois par mois.

Au plan institutionnel, après un rapide passage au Conseil communal de Lausanne et à sa commission des finances, il a été élu député au Grand conseil en 2007. Depuis 2012, il est membre de la commission des finances. Entre 2013 et 2018, il a été membre du comité directeur du Parti Socialiste Suisse et, entre 2014 et 2018, président du Parti socialiste vaudois. Cet automne, il est candidat (PS/VD) au Conseil national.