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Fermeture du dépôt des locomotives de Lausanne

La séparation de la gestion du trafic voyageur de celui des marchandises a engendré une répartition des locomotives. D’un jour à l’autre, tous les engins de traction attribués à CFF Cargo, ainsi que leurs mécaniciens, ont dû quitter le dépôt de Lausanne pour Denges-Triage ! Comme dans les gares américaines, ces machines sont stationnées à l’air du temps sur les voies de garage. L’entretien est réduit au strict minimum et les pannes sont fréquentes, engendrant de multiples perturbations sur le réseau.

Ironie du sort, c'est l'année de son centenaire (1911 à 2011) que le dépôt des locomotives de Lausanne a passé des mains des CFF à celles de la Ville de Lausanne.

CFF Voyageurs, à qui le canton a attribué le mandat de prestation pour l’exploitation du réseau express vaudois (REV), loue à CFF Immobilier le dépôt des locomotives de Lausanne pour l’entretien de ses trains régionaux et achète des sillons horaires à CFF Infrastructure. On est en plein délire néo-libéral ! De plus CFF Immobilier estime qu’il peut tirer un meilleur profit de ses bâtiments, aujourd’hui sous-utilisés après le départ de CFF Cargo. Ainsi cette division des CFF, qui fonctionne comme les acteurs privés du marché de l’immobilier romand, a décidé de vendre le site. A son tour, CFF Voyageurs se retrouve dans la situation d’un locataire expulsé par un congé-vente.

Dans l’urgence cette division a dû trouver une solution provisoire pour reloger ses trains et son personnel d’entretien. Ainsi, dès le changement d’horaire 2011, chaque nuit, les rames stationnées à Lausanne seront acheminées à vide sur Yverdon, Bienne ou Genève pour l’entretien et le dépannage. Et ceci alors même que CFF Voyageurs se plaint de la pénurie de conducteurs de locomotives et que CFF Infrastructure déplore la surcharge de son réseau qui l’empêche d’effectuer les travaux de maintenance planifiés. On croit rêver, mais voilà comment CFF Immobilier a vidé de sa substance le dépôt de Lausanne, pour le transformer en friche industrielle, désormais proposée comme objet de spéculation. Mais ce site est difficile à urbaniser. Trop bruyant pour faire de l’immobilier de luxe et limité en hauteur, pour la construction de bureaux. Après l’échec en votation populaire du projet de musée à Bellerive, CFF Immobilier, sauta sur l’occasion pour proposer à la ville de Lausanne son bien immobilier en échange de 10 000 m2 constructibles à Malley, à proximité de la gare en construction.

Jean-Claude Cochard