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Marchandises: cheminots et routiers ensemble pour de meilleures conditions-cadre

Les transporteurs suisses main dans la main

Les CFF et l’Association suisse des transports routiers ASTAG réclament ensemble l’accroissement des infrastructures de transport, la mise en œuvre de standards sociaux et l’interdiction du cabotage.

de Gauche à droite: Nicolas Perrin, responsable CFF Cargo; Josef Jäger, vice-président Astag; Andreas Meyer, CEO CFF; Adrian Amstutz, président de l'Astag.

Au terminal de conteneurs de la gare des marchandises Wolf, à Bâle, les dirigeants de CFF Cargo et d’Astag ont signé conjointement un document de position intitulé: «La co-modalité plutôt que la concurrence – pour un trafic de marchandises pérenne en Suisse.» Andreas Meyer, CEO des CFF, et Adrian Amstutz, président d’Astag, souhaitent une collaboration plus étroite, afin de répondre aux exigences croissantes de la clientèle en matière de qualité. Le rail et la route ne doivent pas uniquement travailler à l’amélioration de leur propre branche, mais s’engager ensemble en faveur de meilleures conditions-cadre, déclarent d’une seule voix le chef des chemins de fer et celui des transports routiers. Parmi les améliorations du secteur ferroviaire, Andreas Meyer et Nicolas Perrin, chef de CFF Cargo, ont mentionné notamment le recours aux technologies modernes permettant de fournir aux clients des informations en temps réel sur leurs transports, ainsi que l’introduction, en novembre 2016, de l’horaire cadencé pour les marchandises, avec une desserte plus fréquente des sites importants. L’année passée, les gains en efficacité dans la production ont permis à CFF Cargo, «malgré un contexte difficile», de réaliser un bénéfice d’un million de francs, après avoir accusé en 2015 une perte de 22 millions. Comme les CFF ne peuvent pas rentabiliser la distribution fine des marchandises comme le font les transports routiers, ils encouragent le trafic combiné rail-route, poursuit Andreas Meyer. C’est pourquoi ils construisent le terminal de conteneurs trimodal Bâle Nord, qui fournira les capacités de transbordement nécessaires pour faire face à l’accroissement du trafic de marchandises.

Extension indispensable des infrastructures

Jusqu’en 2040, et comparativement à 2010, l’Office fédéral du développement territorial s’attend à une augmentation des tonnes-kilomètres en Suisse de 40% sur le rail et de 33% sur la route. «Les quelques voies en cul-de-sac que nous avons ici ne pourront pas relever le défi posé à l’avenir au trafic combiné», a expliqué Andreas Meyer au terminal de conteneurs Wolf, condamné à disparaître, à moyen terme, pour faire place au développement de la ville. «La collaboration entre la route et le rail fonctionne de mieux en mieux», s’est réjoui Adrian Amstutz. «Il y a suffisamment de travail pour les deux, nous ne sommes pas obligés de nous détruire mutuellement. Œuvrons plutôt ensemble pour que les problèmes d’infrastructure de la route et du rail trouvent une solution». Les deux parties doivent désormais mettre de côté l’idée d’une concurrence intermodale fondée sur des arguments idéologiques. «Les transporteurs ont balayé devant leur porte», a poursuivi Adrian Amstutz. Ainsi, ils ont continuellement renouvelé leurs flottes de véhicules, devenant ainsi plus écologiques et plus sûrs, ils ont réduit le nombre de courses à vide et, d’une manière générale, ils ont accru leur efficience opérationnelle. «Mais les innombrables heures perdues dans les bouchons du réseau routier suisse anéantissent ces gains en efficience», a-t-il déploré. Et de réclamer l’élimination rapide des insuffisances de capacité sur le réseau des routes nationales et, surtout, l’élargissement à trois voies de l’A1 de bout en bout entre Lausanne et Winterthour. Il est également urgent et impératif d’aménager plus de points d’arrêt pour les camions le long des routes nationales et dans les agglomérations.

De son côté Andreas Meyer a réclamé, outre l’accroissement des capacités des terminaux, l’élimination des goulets d’étranglement sur le réseau ferroviaire, prioritairement au pied sud du Jura et entre Zürich et Winterthour. Il revendique également, pour le trafic de marchandises, de meilleurs sillons, en nombre suffisant et à des prix équitables.

Pour une application commune des «standards sociaux en vigueur»

Les deux parties ont mis l’accent sur la nécessité de combattre avec plus de force le dumping salarial et le dumping social, aussi bien sur le rail que sur la route, afin de garantir la survie des entreprises suisses de transport et un revenu décent à leurs employés. Concrètement, les CFF et Astag exigent des contrôles plus stricts. «Les transporteurs étrangers versent à leurs chauffeurs des salaires de misère (500 Euros) et ne respectent pas les directives sur le temps de travail, etc.», a insisté Adrian Amstutz. «La police, les gardes-frontières et les douaniers ne contrôlent pas suffisamment et se rejettent mutuellement la responsabilité: c’est de l’irresponsabilité organisée!» Le document de position précise entre autres que «Astag et CFF Cargo se déclarent en faveur du respect des salaires habituels dans la branche en Suisse.»

Empêcher le cabotage

Le document réclame la formation d’un «service central de coordination pour les questions et annonces de cabotage au niveau fédéral». L’interdiction du cabotage - c’est-à-dire le transport de marchandises entre deux endroits en Suisse par des transporteurs étrangers - actuellement en vigueur doit être strictement appliquée et respectée, a insisté Josef Jäger, vice-président d’Astag. En effet, de plus en plus fréquemment on profite de la présence sur notre sol de camions étrangers qui retournent dans leur pays, pour leur confier de tels mandats à des tarifs bon marché.

Markus Fischer/Mg

Enfin à l’offensive!

Le transport de marchandises passe enfin à l’offensive: que ce soit sur la route ou sur le rail, pour être en mesure de maîtriser le trafic de marchandises du futur dans notre pays et à travers notre pays, nous avons besoin d’un cadre institutionnel. Les capacités ferroviaires restent insuffisantes et les produits doivent impérativement être améliorés. Aux yeux des clients, la disponibilité et la ponctualité sont des paramètres fondamentaux. Mais si l’on entend réussir à transférer davantage de transports de la route au rail, dans l’intérêt de l’environnement et des usagers de la route, il faut maintenant faire avancer les choses également au niveau des prix. C’est pourquoi il faut en finir une fois pour toutes avec cette «malédiction de la rentabilité et de l’autonomie financière» de CFF Cargo. Et à juste titre, il faut imposer des standards sociaux et rehausser les conditions de travail sur la route. On ne peut donc que se féliciter des efforts déployés par les représentants de la route et du rail pour lutter contre le dumping salarial et le dumping social. Mais une question demeure: pourquoi les partenaires sociaux n’ont-ils pas été invités à s’associer à cette entreprise d’intérêt commun? Serait-ce parce que les employeurs préfèrent définir eux-mêmes ces standards sociaux, à leur propre convenance? Alors là, quelqu’un semble ne pas avoir encore très bien saisi comment fonctionne le modèle suisse de paix sociale. C’est avec plaisir que nous le lui rappelons par ces quelques lignes, mais également, si nécessaire, avec les instruments habituels des syndicats, s’ils sont mieux compris.

Philipp Hadorn, secrétaire syndical en charge de CFFCargo et conseiller national PS

Commentaires

  • Johann Riedwyl

    Johann Riedwyl 20/04/2017 10:19:50

    Leider wird den Arbeitern, den Gewerkschaften und allen irgendwie Abhängigen auch in der Schweiz keinen anderen Weg mehr offen stehen. Den die klar geäusserten Geschäfts-Grundlagen aller CEOs lautet nach wie vor: "...keine Presse, keine Gewerkschaft und wir wollen Geld verdienen." Weit und breit nichts von sozialem Frieden und schon gar nicht irgendwelcher sozialen Verantwortung. Das war einmal.