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Mécaniciens agressés dans l’Arc lémanique, les CFF suppriment les agents de sécurité dans les trains à risque

Les CFF sacrifient la sécurité

Fin octobre, un mécanicien a été menacé de mort au couteau à Vevey, en pleine nuit. Alors que le SEV demande davantage de protection, les CFF jouent à l’autruche et suppriment au contraire l’accompagnement par des forces de sécurité dans les InterRegio et les InterCity sensibles du matin

Dès 2016, il n’y aura plus de Securitas dans les IR et les IC sensibles.

L’agression survenue à 2h14 le dimanche 25 octobre ne sera pas oubliée de sitôt par le mécanicien concerné, ni par ses collègues de l’Arc lémanique. Le RegioExpress Vevey - Genève est à l’arrêt en gare de Vevey, une rixe éclate et le mécanicien tente d’amener du calme, mais un homme s’approche et le menace de mort, un couteau à la main. «On va te tuer!». Le mécanicien appelle la police des transports et accueille dans sa cabine une famille apeurée.

La police Riviera arrive quelques minutes plus tard. Elle effectue des contrôles d’identité, mais personne n’est arrêté. Résultat des courses pour le mécano, quelques jours d’arrêt maladie. A la même période, un mécanicien a subi l’ire d’un groupe sous l’effet du cannabis qui s’est mis à frapper contre sa vitre alors qu’il avait immobilisé le RE en gare de Coppet peu après minuit en raison des odeurs de fumette.

Si les agressions verbales et les incivilités telles que blocages des portes, injures ou jets de pierres font hélas presque partie du quotidien, les agressions physiques constituent une nouveauté dont ils se seraient bien passé. Et l’histoire comme celle de Vevey représente une triste première pour les collègues de l’Arc lémanique.

«Les importantes mesures»des CFF passent à la trappe

Les CFF affirment, dans le Matin Dimanche du 8 novembre qui a relayé les agressions dans l’Arc lémanique, que «c’est une lutte constante. Depuis plusieurs années, nous avons mis en place d’importantes mesures sur le terrain, des agents de sécurité accompagnent certains trains circulant tôt le matin ou tard le soir durant le week-end. Cet accompagnement vient s’ajouter aux patrouilles de la police des transports et à la présence d’agents de sécurité dans les gares. Des patrouilles de gardes-frontière montent également parfois à bord des trains, et les gendarmeries cantonales sont présentes», explique le porte-parole Jean-Philippe Schmidt.

Manque de pot pour lui, le lendemain, les CFF informaient les partenaires sociaux que les fameuses «mesures importantes» allaient être supprimées dès 2016 pour des raisons d’économies. Ou plus précisément, que les CFF «renoncent à l’accompagnement des trains sensibles du matin par des forces de sécurité. Les relations RE Lucerne–Zurich–Lucerne de nuit et du week-end, soumises au paiement d’un supplément, ne sont pas concernées.»

L’accompagnement par des forces de sécurité était un acquis majeur obtenu par la ZPV en 2009 après la mobilisation des agents de train contre les agressions avec le port du brassard «Stop agressions». La décision prise par les CFF est ressentie comme un coup de poignard dans le dos par les collègues. «Nous sommes surpris par cette annonce, surtout que les CFF avaient dit que les économies n’impacteraient pas la sécurité, fustige Pascal Fiscalini, vice-président ZPV. Nous craignons que les agressions n’augmentent. Non seulement pour le personnel, mais aussi pour les passagers. C’est un retour en arrière de 15ans.»

Secrétaire syndical SEV en charge du dossier, Jürg Hurni ne décolère pas: «Les CFF connaissent la situation dans les trains critiques. Malgré ça, ils sucrent dans la sécurité. Ils jouent avec la santé du personnel et des usagers!»

Dans l’immédiat, la ZPV va écrire à la direction des CFF pour les convaincre de renoncer à cette mesure. Si cela ne devait pas porter ses fruits, les collègues ont gardé leurs brassards au chaud.

Vivian Bologna