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La vice-présidente Barbara Spalinger évoque des sujets d’actualité syndicale où il n’est pas uniquement question de la Journée internationale des femmes

« Cela ne fait pas de mal de fêter la Journée des femmes »

Barbara Spalinger participe au combat pour l’égalité des droits tout en déplorant que de moins en moins de solutions concernant les conditions de travail sortent de la table des négociations et que notre société ait tendance à exclure du monde du travail les personnes les moins performantes.

Barbara Spalinger lors de la remise de la pétition contre les licenciements antisyndicaux

contact.sev : cette interview paraît entre la manifestation contre les licenciements antisyndicaux et la grande manifestation des femmes. Quelle place ces deux événements prennent-ils dans ton travail quotidien au SEV ?

Barbara Spalinger : des licenciements antisyndicaux et la discrimination envers les femmes sont des faits qui existent hélas aussi dans le monde des transports publics. Mais l’assainissement des caisses de pensions, comme nous l’avons revendiqué lors de notre dernière grande manifestation de septembre de l’année passée, reste clairement pour nous au SEV notre thème prioritaire.

Qu’est-ce que la crise économique a changé au sein des transports publics ?

Les effets de la crise sont connus. Quand il y a moins d’argent, tout devient plus difficile. Maintenant commencent à arriver les paquets d’économie de la Confédération, contre lesquels il faudra se battre. Ces mesures d’économie auront des conséquences directes sur les ETC. Cela a été ressenti lors des dernières négociations salariales.

Comment se sont conclues les dernières négociations salariales au sein des ETC en comparaison avec les précédentes ?

On ne s’en est pas si mal sortis, contrairement à ce qu’on craignait, ce qui ne veut pas dire que les prochaines négociations iront comme sur des roulettes. La pression des retombées de la crise économique, que nous n’avons pas ressentie cette fois, nous attend au contour.

En ce début d’année se sont déroulées les journées de branches de la sous-fédération VPT. Tu y as participé en ta qualité de responsable SEV des dossiers des ETC. Quelles impressions en retires-tu ?

La situation des caisses de pensions cause de gros soucis à nos membres. Mais durant ces journées de branches, il a aussi été question de thèmes qui ont trait au travail quotidien. Ainsi, par exemple, lors de la journée bus, il a été question des nouvelles dispositions légales de la Loi sur la circulation routière en matière de retrait de permis. Cela a suscité un énorme intérêt. Lors de la journée de la navigation, nous avons discuté de la situation financière qui règne dans cette branche, situation qui nous préoccupe de plus en plus.

Tu as évoqué les caisses de pensions. La plupart des employés des ETC sont affiliés à l’Ascoop. Maintenant ils se préparent à passer chez Symova ou dans une autre caisse de pension. Est-ce que ce changement soulève beaucoup de questions ?

Lorsqu’il faut assainir une caisse de pension, c’est clair que les assurés qui doivent payer une contribution d’assainissement ne sont pas enchantés de le faire. Nos membres sont effectivement inquiets, ils nous posent beaucoup de questions sur les causes de cette situation. Il ne nous est pas toujours possible d’y répondre ; un syndicat n’est pas en mesure de réparer des abus commis en dehors de ses structures. Pour revenir au changement de caisse de pension, on constate que certains employeurs recherchent des solutions bon marché. Par contre, d’autres se donnent beaucoup plus de peine, ils amènent de l’argent de leur côté, se conduisant ainsi en employeurs socialement responsables. Mais la situation est différente dans chaque entreprise. Nous avons une situation particulière dans le canton de Vaud : nous avons toujours demandé que les propriétaires des ETC, en principe les collectivités publiques, participent à l’assainissement. C’est ce que veut précisément faire le canton de Vaud avec les entreprises. Mais voilà que l’autorité de contrôle de l’Office fédéral de la statistique émet des réserves sur ce plan cantonal d’assainissement. Je trouve cela politiquement très problématique.

Sur tous les thèmes que nous venons d’évoquer, quels sont concrètement ceux dont tu t’occupes maintenant ?

En ce moment, en première ligne, il y a l’affaire de la Compagnie de navigation du lac de Constance, où les investisseurs privés cherchent à faire de l’argent. Nous nous battons pour que le personnel n’en fasse pas les frais. Auparavant, on cherchait et généralement on trouvait des solutions ensemble avec nos partenaires sociaux, assis autour d’une table de négociations, même si c’était difficile. Aujourd’hui, hélas, tout devient très vite juridique.

Peut-être que les syndicats, en voulant négocier des CCT cadres, contribuent à cette dérive bureaucratique ?

Entre une CCT cadre de branche conclue par des partenaires sociaux, et un contrat type de travail émanant d’un canton, il y a une grande différence. Une CCT se négocie et elle peut être modifiée d’un commun accord par les deux parties. Par contre, si l’Etat édicte un contrat, il est le même pour tout le monde. Puis arrivent les questions concrètes de son application. Et là, on se rend compte que c’est peu précis et que la marge de manoeuvre syndicale est très étroite.

Revenons au canton de Vaud : l’année passée, la CTT cantonale cadre des transports publics a été renouvelée avec le SEV. Malheureusement, dans de nombreux cantons, il n’y a pas de CCT cadre. Comment penses-tu agir ?

Il y a des différences culturelles d’un canton à l’autre. Effectivement, dans le canton de Vaud, il existe une association patronale, l’Union vaudoise des transports publics, ce qui facilite la mise sur pied d’une CCT. D’une manière générale, en Suisse romande, les réglementations collectives ne sont pas regardées de travers comme en Suisse alémanique. A ce propos, j’aimerais souligner le fait que dans la nouvelle CCT vaudoise, il y a une disposition qui empêche le licenciement de responsables syndicaux.

Ce qui signifie qu’il y a encore des entreprises qui sont prêtes à améliorer le partenariat social ?

Si une entreprise n’est pas rivée sur une ligne purement idéologique, elle comprend assez vite que nous partageons sur de nombreux points les mêmes intérêts. Nous voulons le maintien et l’expansion des ETC, que des emplois soient créés. C’est dans l’intérêt des deux parties. Si, de temps en temps, un conflit apparaît, il faut en prendre acte et chercher à le résoudre tout en gardant notre sang-froid.

Au SEV, tu es également responsable de l’assistance judiciaire. Un domaine où le nombre de cas individuels est en constante augmentation. Quelles sont les causes de cette augmentation ?

Nous constatons qu’il n’y a presque plus de personnes qui travaillent toute leur vie chez le même employeur. Cette mobilité professionnelle provoque des changements importants. Les exigences envers le personnel augmentent. Il y a également des changements provoqués par l’évolution des technologies. Résultat : les gens sont plus fortement stressés et on licencie de manière parfois précipitée, alors que l’on pourrait régler les problèmes avec un minimum d’investissement.

Ces problèmes ne devraient-ils pas être résolus dans le cadre de négociations contractuelles?

C’est très difficile. Nous avons de bons règlements, par exemple le paiement du salaire en cas de maladie. Par contre, nous avons des difficultés avec l’assurance invalidité avec laquelle il est de plus en plus difficile de faire valoir des incapacités de travail. C’est un problème qui concerne l’ensemble de notre société. On a malheureusement tendance à marginaliser les gens qui ne sont plus très performants sur le marché du travail. Nous perdons de précieuses ressources. C’est un sujet qu’il est difficile de régler dans une convention collective de travail.

Le 13 mars il y aura la grande manifestation des femmes à Berne. Auparavant, le 8 mars, il y aura la Journée des femmes. Ces rendez-vous sont-ils importants pour toi ?

Au travail, pour la Journée des femmes, j’ai demandé que les supérieurs hiérarchiques masculins offrent l’apéritif. Côté privé, le 8 mars, je participe chaque année à une fête où ce sont particulièrement des jeunes femmes qui mettent l’ambiance. C’est très amusant ! C’est quelque chose comme le 1er Mai ou le 1er Août : des rendez-vous qui ne font pas de mal lorsque nous les fêtons en bonne compagnie !

Interview : Peter Moor/AC